De l’humanisme au christianisme

Publié le 09/10/2018

“Je ne suis qu’un petit Corse sentimental” avait répondu Xavier Emmanuelli à une question du Courrier de la Russie en 2011. La journaliste lui avait demandé son avis sur les propos tenus à son sujet par Léonid Rochal, sommité de la médecine russe, qui avait qualifié son con- frère hexagonal de “conscience de la France”, à l’occasion du prix Ludwig Nobel. Le “petit Corse sentimental” l’avait remporté, cette année-là, et devenait le premier non russe à obtenir ce qui récompense les personnes ayant fait rayonner la Russie. Une âme russe, Xavier Emmanuelli ? “J’ai été communiste quand beaucoup l’étaient”, lâche le médecin. Il nous a donné rendez-vous dans un café à la sortie du métro Alésia, dans le 14e arrondissement. “Je ne regrette rien de cette vie-là, lance-t-il, serein. À l’époque, c’était normal. Après je me suis recentré a-t-on dit, mais j’ai toujours gardé cette envie d’aider les plus pauvres”.

Aujourd’hui âgé de 79 ans, cet homme, né à Paris de parents corses, a toujours choisi de consacrer sa vie aux autres. En 1971, il participe à la fondation de Médecins sans Frontières (MSF). Sa première activité humanitaire, sociale et associative qui en appellera par la suite de nombreuses autres. Sous la bannière de MSF, Xavier Emmanuelli parcourt le monde et ses crises humaines pendant 23 ans. “Quand je vois aujourd’hui que la France est inca- pable d’accueillir tous ces migrants, je suis désespéré.” Le 24 octobre 2017, ce constat s’est mué en début d’action. À Paris, au musée national de l’histoire de l’immigration, Xavier Emmanuelli a réuni plus de 200 participants dans l’objectif d’échanger et d’élaborer les recommandations nécessaires à un accueil plus digne des personnes en situ- ation d’exil. “Le pape actuel nous y invite”, se justifie-t-il. En lui, il retrouve un peu de sa vie antiérieure. “La théologie de la libération, dont François est issu, est sa grande force. Il vient d’un pays où les pauvres ont eu une place immense”.

En 1993, il fonde le Samu Social de Paris pour secourir les SDF et autres laissés pour compte de la capitale. Dans son livre Dernier avis avant la fin du monde paru l’année d’après, il évoque son engagement “qui était ponctué par l’aveu difficile d’une foi chrétienne qui imprègne toute mon action.”, avoue-t-il. Deux ans plus tard, en 1995, il intègre le gouvernement sous la présidence de Jacques Chirac comme secrétaire d’État chargé de l’action humanitaire d’urgence. Une entrée en politique qui sera brève – seulement deux ans – et dont il ressortira non sans avoir remporté quelques succès (création du numéro d’urgence 115). “L’expérience politique, je ne retenterai pas de si tôt !”, lance celui, qui à son départ du gouvernement, fonde le Samu social international.

Avec son sourire en coin, habituel chez lui, le médecin nous raconte comment, en 2011, il fait la une des journaux en démissionnant avec fracas de son poste de dirigeant du Samu social, 18 ans après l’avoir fondé. “La France n’a rien compris, on enlève de l’argent là où il faudrait en rajouter !“ Xavier Emmanuelli dénonce une coupe de 25% dans les moyens alloués à l’hébergement d’urgence. Depuis, il con- tinue de se battre contre l’exclusion, en particulier celle des enfants et se qualifie plus que jamais comme un militant chrétien. “C’est aussi dans la nature du christianisme que de se battre contre les injustices sociales. Rappelez-vous que les premiers chrétiens, eux, avaient une idée assez précise sur le partage des richesses”. Cité dans Paraboles d’un curé de campagne (éditions de l’Emmanuel, 2015), il résume ainsi son parcours : “Les gens qui veulent juste donner un message social sans avoir la transcendance me paraissent eux aussi pauvres. J’ai ma pratique. Je l’applique au pied de la lettre. Il faut aller en confiance. Je vais à la messe le dimanche, je suis très attaché à la confession. Je suis catho- lique et romain. J’ai besoin qu’un pape montre le chemin”. Avec François, il est même tracé.

écrit par La rédaction de Jésus!

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