Il s’appelle Benjamin. La première fois qu’on a vu son look, c’était sur le plateau de l’émission C mon choix. Ce jour-là, le but du jeu est simple : trouver le nombre de partenaires sexuels qu’ont pu avoir une série d’invités. Arrivé au tour de benjamin, la chroniqueuse Enora Malagré lâche, sûre d’elle : “lui, il sent le sexe”. Elle lui attribuera cinq cent conquêtes. Sauf que le jeune homme a donné sa vie à quelqu’un d’autre. Et vous l’avez peut-être déjà deviné, mais ce quelqu’un d’autre s’appelle jésus. On a retrouvé le beau blond de 34 ans. Il nous a livré son témoignage. Poignant.
COMMENT J’AI RENCONTRÉ JÉSUS
Je suis issu d’une famille pas vraiment chrétienne. Baptisée, mais non pratiquante. Une famille “moderne” en somme, composée et recomposée. Je n’avais aucun intérêt pour Jésus avant que ma mère ne tombe sur ce livre : les Apparitions de la Sainte Vierge à Mejdugorje. Mejdugorje, c’est une ville de Bosnie-Herzégovine. Alors voilà qu’un jour, on part, ma mère, mon frère et moi, sur les routes qui mènent à ce pays des Balkans. J’avais neuf ans. C’était les années 90, c’était la guerre de Yougoslavie. Arrivés là-bas, j’ai compris. J’ai su que Jésus existait. Ce n’était pas un concept, mais vraiment une personne, une présence. Une histoire d’amour aussi. J’ai eu la sensation de commencer à naître ces jours-là, la sensation de tout comprendre. L’impression aussi que l’air était plus épais, chargé de la présence de Dieu. À partir de cet instant je me suis dit que je donnerai toute ma vie à Dieu. J’avais neuf ans et je le savais comme une évidence : je serai prêtre.
NUIT DE LA FOI
Après le Bac, j’ai passé un an en tant qu’éducateur dans une Maison d’enfants à caractère social (MECS) en Alsace, puis j’ai fait une licence de Psychologie à Strasbourg. Je me suis retrouvé pris dans une ambiance que je ne connaissais pas. Et l’inévitable est arrivé : la lassitude, puis les doutes, et enfin la nuit. Tout ce que je considérais comme évident, tout ce que j’avais vécu, tout ce que j’avais senti, de ma conversion à mes années bacs, je remettais tout cela en cause. J’étais dans une épaisse obscurité. La foi ne sublimant plus les choses, mes souffrances étaient encore plus brutes, plus désespérantes. J’étais entré dans la nuit de la foi.
UN INCROYABLE PARADOXE
J’ai compris, petit à petit, que ces doutes étaient normaux. En amour, tout le monde connaît ce passage, à un moment ou à un autre, on est obligé d’y passer. J’ai alors posé des actes concrets, pris des décisions : j’ai redoublé de pratique. J’allais à la messe plusieurs fois par semaine, je me rendais à la confession plus souvent… Lorsque j’allais en soirée étudiante, malgré le fait que je sois dans ”la nuit de la foi”, je portais toujours une croix autour du cou. On venait alors me poser des questions sur Dieu ; sur la prière… Et je crois que je n’ai jamais autant parlé de ma foi que lorsqu’elle semblait m’avoir abandonné. Dans le noir le plus complet, je voyais, en certains étudiants qui me posaient des questions sur Dieu, une lumière. C’est comme dans un couple. Il faut savoir passer du coup de foudre à un amour qui, a première vue, n’a rien de très excitant. Ne plus chercher seulement le feeling. J’ai alors fait l’expérience de la durée. J’ai appris ce qu’aimer veut dire.
C’EST MON CHOIX
Et me voilà entré au séminaire, à 24 ans, pour devenir prêtre. J’ai fait mes années d’études de théologie et je suis devenu prêtre chez les Salésiens de Don Bosco. Je me suis rendu compte, à leur contact, que la voie royale de l’évangélisation était l’éducation. C’est l’évangélisation de profondeur. C’était il y a tout juste un an. C mon choix m’appelle et m’explique le thème de l’émission : les conquêtes amoureuses. Comme je passe ma vie à parler de ça avec les jeunes, le sujet ne me dérangeait absolument pas. Cette émission a eu un impact très particulier, auquel personne ne s’attendait. Beaucoup de gens ont été touchés, interpellés et pas seulement amusés. J’ai reçu de nombreux messages par la suite. Certains me demandaient comment recevoir le baptême… Il arrive qu’on m’interpelle encore dans le métro… Décidément, les voies du Seigneur sont impénétrables !
Frère Benjamin.